vendredi 8 octobre 2010

Après, après que le cancer ait disparu ♫♫♫♫

L’après

Ca y est, youpieeeeeee, les traitements sont terminés, les cheveux ont repoussé ainsi que le système pileux (bof, celui-là, il aurait pu rester), la forme revient doucement, tout doucement. J’ai repris le taf à mi-temps thérapeutique pour 3 mois.
Le bilan d’extension d’après maladie vient de se dérouler, tout est nickel, l’oncologue est content ……… Alors ……… Pourquoi ne le suis-je pas ???? Pourquoi n’arrive-je pas à être complètement heureuse ????
La bête n’est jamais complètement partie de nos têtes, nous angoissons, avons peur …..

L’après cancer est dur, très dur à digérer, peut être plus que pendant car, pendant, nous avons l’impression d’être protégées, entourées par toutes ces blouses bleues, blanches, vertes …… et maintenant, nous sommes lâchées dans la nature.

Pas facile ce vide autour de nous.

Pas facile de s’entendre « encore » dire, tu as eu du courage, enlevez les 3 premières lettres et c’est avec les 4 restantes que je me suis battue. Avec rage mais certainement pas avec courage.

Des témoignages poignants sur cet après, j’en ai lu de mes sœurs de galère et tout ce que j’en ai retenu, c’est que l’après est très compliqué et surtout pourquoi on ne me l’a pas dit avant. Pourquoi ?????

Tout le monde reprend ses activités, mais moi, je continue de temps en temps à vivre dans mon cocon « cancéreux ». Ce monde, peuplé d’envie de mordre la vie à pleine dents, de la bouffer, ne plus penser à demain mais vite, la peur revient. Mal de ventre, de gorge, de dos et c’est bon, le crabe fait à nouveau des siennes.

C’est un tsunami qui m’est tombé dessus. Un attentat, sauf que pour un attentat, il y a un débriefing immédiat, mais pour nous ?????? Ce cancer m’a enlevé mon insouciance, cette joie de vivre qui faisait que j’étais « MOI » avec mes défauts et mes qualités. Ce cancer fait partie intégrante de ma vie désormais et ce n’est pas moi qui ne veut pas reprendre ma vie normalement, c’est lui qui m’en empêche, c’est différent. Nombre de mes copines sont en dépression en ce moment, elles sont dans l’après ………
La guérison, jamais nous ne la connaîtrons, au mieux la rémission mais quel mot barbare qui veut dire « pardon des péchés » ou diminution temporaire d’une maladie !!!!
J’ai eu la chance d’être soutenue par une famille, des collègues et des amis formidables, soutenue dans le sens où les tâches ménagères, la bouffe ne m’incombaient plus où j’avais mon coup de téléphone quotidien pour savoir comment j’allais. Merci, oui, je vous dis un grand merci mais personne ne m’a protégée, je sais que mon caractère n’enclin pas à la protection car j’ai toujours essayé de sourire, d’être celle que j’étais AVANT. La fofolle, la forte et surtout de répondre à la sempiternelle question « comment ça va », question qui, pour moi, n’appelle qu’une réponse, « ca va ».
Et pourtant, combien de fois, me suis-je regardée dans le miroir, blafarde, visage sans grâce, lasse. Combien de fois, me suis-je demandée où était cette femme de jadis, pimpante, vivante. Elle était loin, si loin, et l’est encore.
Combien de fois me suis-je demandée « pourquoi moi », qu’ai-je fait ????? La culpabilité m’a longtemps habitée, si j’ai eu cette merde, c’est que je le méritais (je ne rentrais pas dans le sacro saint moule), j’avais eu ma fille à 18 ans, pas de règles trop précoces, ménopause non tardive (puisque opérée), je ne buvais pas, ah oui, j’ai pris quelques années la pilule et je fumais.
J’ai donc fait un flash back sur mon passé et bien évidemment, de pas belles choses sont remontées à la surface, cet aigle noir qui, sur moi a posé ses sales griffes et c’est encore moi qui ai payé, qui ai été la victime. Quand donc cela s’arrêtera t’il ????
L’après, les toubibs vous disent que c’est terminé, que la vie doit continuer, perdurer, comme avant, mais c’était il y a, trop longtemps. Nous devons encore nous débattre, nous battre dans des sables mouvants. L’abîme est là.
Plus rien ne sera jamais pareil, notre corps est différent, mutilé même si reconstruit, notre tête est vide ……..
Mais nous sommes des survivantes et combattantes de l’impossible, nous sommes des millions à combattre l’oubli de ceux qui n’ont aucun souci.
Ensemble, nous devons, certes, encore lutter mais nous allons nous relever, fières de ce que nous sommes.
Un forum, m’a aidée à passer ce cap, sans ces femmes, mes amies, je ne sais pas comment j’aurais abordé la maladie.

Alors, les fées, merci pour ce que vous êtes et surtout serez.









     




2 commentaires:

  1. Tu as une belle plume Joyce, c'est bien ce que l'on ressent quand tout est fini. Et puis ce crabus nous tombe de nouveau dessus, pourquoi moi????????????? Et on doit denouveau se battre avec la rage au corps pour enfin espèrer gagner. Bisous Annick

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  2. Joyce c'est magnifique ce que tu as écrit, j'en ai la chair de poule mais c'est tellement la réalité, seule les personnes ayant eu le crabus peuvent comprendre, les autres essayent de s'imaginer mais on ne peut pas c'est impossible de comprendre ce que l'on a vécu, nos douleurs, notre rage, nos colères... notre envie de vivre tout simplement.
    Je t'embrasse et toi aussi heureusement que tu étais pour nous toutes.Petitelfe

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