dimanche 25 mars 2012

MAL ETRE




Il faut que j’écrive, écrire mon mal être, est-ce moi la responsable de tout ce gâchis, est-ce moi la coupable, est-ce moi la diabolique, celle qui gueule tout le temps, celle qui s’est toujours tout pris dans la gueule sans jamais sourciller. C’est ma faute si j’ai eu ce cancer, c’est encore ma faute si j’ai ces métastases. Plus personne autour de moi, est-ce moi ou la maladie qui a fait le vide. Plus de fille, plus de sœurs, mon frère, venu cet AM ne veut pas trop se mêler des affaires de « couple » ou plutôt de colocataires. Mais sincèrement, j’en ai marre que tout repose sur moi, j’ai les épaules larges mais elles se rétrécissent en ce moment. Est-ce ma faute si le moindre bruit me fait sursauter, que tout est amplifié.
Un mari ou plutôt un colocataire inexistant qui passe ses journées sur son ordinateur et moi qui suis une sanguine, je ne peux rester ainsi. Je casse tout et mon cancer pendant ce temps se nourrit.
Cet après midi, j’ai voulu en finir, avaler ses cachets, dormir pour ne plus sourire, dormir pour ne plus souffrir, dormir pour ne plus revenir, dormir et mourir. Tout ce que l’on me dit, c’est va voir un psy, mais merde, je sais d’où vient ce mal être mais ma famille a-t-elle essayée de me comprendre. Moi, j’ai besoin d’un psy, mais le père ALIN n’en a pas eu besoin lors de ses différents séjours à l’hosto. J’ai tout assumé, les hostos, les nuits blanches pour pouvoir appeler les infirmières, le boulot, les animaux et tout ça, avec le sourire car je suis celle qui ne faiblit pas, l’Alzheimer de maman, je l’ai aussi assumé avec ma sœur, certes mais c’est moi qui étais là, la première pour l’emmener en maison de retraite et donc la doucher car personne d’autre pour le faire et croyez-moi, ce n’est pas facile d’être la mère de sa mère et de la laver. C’est moi, qui ai subi ces attouchements sexuels à 6 ans, c’était aussi ma faute !!!!!!!! Toute ma vie n’a été qu’une suite de grandes fautes de ma part. Cette carapace que je me mets sur le dos, le fait que je râle beaucoup, que je n’accepte, désormais rien des hommes, personne ne se pose la moindre question. C’est ma faute et c’est tout.
Ma famille me lâche car ils en ont ras le bol, je pense. D’un côté, on me dit, il faut pleurer et chez moi, on me dit presque « mais tu vas te taire ». Merde alors, besoin d’évacuer cette peur, cette colère, cette révolte qui est en moi depuis 2008. A peine 1 an de tranquillité et il m’a fallu reprendre le combat à raison de 39 chimios mais savez-vous, vous les biens portants ce qu’est une chimio ???? Oh, je ne vous souhaite pas d’y goûter même si cela ferait du bien à certaines personnes qui pour un petit bobo s’arrête. Ces traitements sont lourds, très lourds, peut être plus que ce que je peux vous raconter.
Vous êtes vous simplement demandé si ce visage sans cheveux, sans cils, sans sourcils, cette peau terne, ce poids pris nous seyaient. Non, nous faisons semblant, donc, tout va bien. En tout cas, c’est ce qu’il en résulte pour moi.
Combien de fois ai-je entendu, lâche ces forums, il te faut aller de l’avant sauf que l’avant n’est plus là pour moi et si je n’avais ces sœurs de combat, mais putain comment pourrai-je avancer.
Personne ne s’est jamais demandé chez moi, pourquoi, moi, qui étais si coquette, ne prenait plus plaisir à m’habiller, me maquiller mais qui est cette personne devant la glace, cette femme qui n’ose même plus se regarder.
Merci à ma belle-sœur de m’avoir accompagnée à mes chimios (c'est bien la seule à s'être vraiment investie) mais les brûlures, les douleurs tant physiques que morales, l’insensibilité, tout ceci est invisible car nous déployons une telle énergie pour tout cacher. Les sautes d’humeur, ce sont des appels au secours, mes colères, mes révoltes ne sont l’expression que de ma détresse …..

Ma vie ne sera plus jamais comme avant, mon corps est meurtri, sans force, ma tête est vide. Oui, je me sens abandonnée, ne plus vous parler de ce cancer de peur de vous embêter.

Mardi, j’ai rdv avec le médecin conseil pour mon ALD, je vais tenter de lui demander de reprendre le travail , il me faut mon salaire à taux plein et tant pis, si je dois prendre la chimio au bureau ainsi que le Tyverb.
Lors du cancer, tout le monde était là, mais les métas, ce n’est rien, je ne suis pas malade, je suis debout sauf que ce sont des métas que l’on meure. Alors ras le bol.
Pardon de vous avoir ennuyé mais il me fallait l’écrire.

Bisous